Vin, Bière & Spiritueux sans alcool
Vin, Bière & Spiritueux sans alcool
Expert en développement de boissons légères et sans alcool

Comment pallier la baisse de consommation du vin en France ?

By - Hortense
25.04.22 16:09:58

Il y a quelques semaines paraissait le baromètre Sowine/Dynata 2022 qui dresse depuis 2010 un panorama du vin, du champagne, des spiritueux et des bières et de leurs tendances de consommation. Or, pour la 1ère fois cette année, la bière dépasse le vin en tant que boisson alcoolisée préférée des Français avec 51% vs 49% pour le vin.

Un changement de hiérarchie inédit qui illustre bien la déconsommation du vin par les Français depuis de nombreuses années. 

Mais pourquoi les Français délaissent-ils une boisson qui est pourtant l’un des fleurons du savoir-faire français ?

Il s’agit en réalité d’une évolution majeure de nos sociétés : les Français boivent de moins en moins d’alcool. En effet, si on prend les chiffres de l’INSEE, les Français buvaient en moyenne 200L d’alcool dans les années 60 et ils n’en boivent plus que 80L environ aujourd’hui.

Ce déclin s'est principalement produit entre les années 1960 et la fin des années 1990, avec la mise en place des politiques publiques de lutte contre l'alcoolisme (loi Évin par exemple). Mais la tendance perdure encore de nos jours : entre 2010 et 2018, la consommation annuelle de boissons alcoolisées a ainsi diminué de 4 litres par personne. 

 

    Si on regarde le sujet d’un peu plus près, on s’aperçoit que la baisse de consommation d’alcool est essentiellement dû au vin. De 128 litres en moyenne en 1960, la consommation de vin par habitant a chuté à 36 litres en 2018 soit 92 litres de moins !

Pour illustrer cette baisse, cela signifie qu'un Français boit aujourd'hui en moyenne un verre de vin par jour, alors qu'il en buvait entre trois et quatre en 1960. 

 

    Cette baisse de la consommation de vin concerne exclusivement les vins dits de "consommation courante", c'est à dire les vins de table. Car dans le même temps, la consommation s'est davantage orientée vers les vins de qualité (IGP, AOP), notamment à partir des années 1980. 

Il s’agit néanmoins d’un signal fort qui reflète les nouveaux modes de consommation des Français et que la filière vin doit prendre en compte si elle ne veut pas rester figer dans d’anciens modes de consommation.

 

  Jean-Marie Barillère, ancien président du CIVC et de l’UMC explique clairement cette situation dans un article Vitisphère du 31 mars 2022 :

 

« Les habitudes alimentaires et les styles de vie évoluent. Plus ça va, moins nous consommons de vins. Y compris les producteurs de vins ! Quand on compare aux niveaux de consommations d’il y a 15, 20 ou 30 ans, ça n’a rien à voir... Il faut vivre avec son temps. Et ce n’est pas la multiplication des AOP et IGP qui va augmenter la valeur ajoutée immatérielle. Je ne suis pas pour la balkanisation. Tout dépend de ce que cherche la filière. Les enjeux sont différents pour un circuit de vente local, un circuit mondial. Mais il ne faut pas opposer un modèle par rapport à un autre. Il est stérile d’opposer vins de domaines et de marques : l’essentiel est de participer à l’amélioration qualitative intrinsèque des vins, et en leur attachant une valeur immatérielle de plus en plus forte. » (https://www.vitisphere.com/actualite-96254-la-filiere-vin-doit-accepter-de-suivre-les-tendances-de-consommation.html#sd_id=&sd_source=)

 

    Il est donc essentiel et urgent pour la filière d’innover pour répondre à ces nouvelles habitudes. Plusieurs solutions innovantes pour réduire le degré d’alcool du vin sont évoquées et le développement des vins légers et sans alcool via la desalcoolisation semble être une des plus prometteuse lorsque l’on voit l’augmentation de la demande sur ces produits. 

 

    D’autres solutions que la désalcoolisation sont aussi regardés par les vignerons. Le reconnu négociant rhodanien Michel Chapoutier, évoquait récemment dans un article de Vitisphère la possibilité de rajouter de l’eau dans le vin : « Tout le monde se moque de moi, [mais] je ne parle pas de mouillage : je parle de réhydratation » (https://www.vitisphere.com/actualite-96366-michel-chapoutier-propose-de-rehydrater-les-vins-pour-en-diminuer-lalcool.html#sd_id=&sd_source=)

 

Le sujet est bien entendu sur toutes les tables depuis que la nouvelle PAC a autorisé officiellement l’appellation « vin desalcoolisé ou partiellement desalcoolisé » en ce début d’année 2022. 

Il reste pour la commission européenne et les organisations officielles telle que l’OIV et la DGCCF à bien définir le cadre de ces nouvelles offres qui vont, nous en sommes certains, bientôt arriver sur la table du consommateur français !

Hortense